Signe de contradiction

Siméon s’adressant à la Mère du Christ, lors de la présentation de son Fils au temple, lui dit:

« Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël; il doit être le signe en butte à la contradiction, et toi-même, un glaive te transpercera l’âme, afin que se révèlent les pensées intimes d’un grand nombre. » (Lc 2,33-35)

Karol Wojtyla commente ainsi:

« Est-ce que les paroles du vieillard Siméon proférées sur un enfant de 40 jours ne comportent pas une sorte de synthèse très concise de ce qui nous concerne tous et nous travaille continuellement ? Ne sont-elles pas un signe particulier de nos temps, ou du moins la clé qui permet de comprendre les signes divers sur lesquels se sont penchés le Concile Vatican II et le Synode des évêques, et sur lesquels réfléchissent sans relâche le Saint-Siège, les épiscopats et tout le peuple de Dieu lorsqu’il rentre en lui-même et essaie de comprendre le sens le plus profond de son existence et de son témoignage ? Ces paroles ne sont-elles pas une sorte de définition spécifique du Christ et de son Eglise ? –le signe, qui sera en butte à la contradiction (Lc 2,34) ?

Portons encore notre attention sur le fait que Siméon passe directement de ce signe à la Mère et l’atteint en plein coeur, en réunissant en un seul motif cette contradiction qui attend le Fils avec l’expérience intérieure que va vivre la Mère de Dieu: « Et toi-même, un glaive te transpercera l’âme« . »

Cardinal Wojtyla , Le signe de contradiction (Retraite au Vatican), Communio/Fayard, p19-20

Ainsi en est-il du Christ, « Signe de contradiction ». Ainsi en est-il de l’Eglise, l’épouse de l’Agneau, « signe de contradiction ». Ainsi en est-il de tout disciple qui veut suivre le Maître: il devient de fait, en fidélité à Dieu, « signe en butte à la contradiction ». Il serait tentant bien sûr de rechercher un consensus qui nous épargnerait l’opposition. C’est la tentation d’Israël de vouloir être comme les nations (1 M 1,11). Mais c’est aussi la tentation de l’Eglise d’être comme le monde. Ce faisant, nous déserterions notre poste, nous déserterions la radicalité de l’Evangile, nous risquerions de nous prosterner devant les idoles au lieu d’adorer Dieu.
Souvenons-nous plutôt qu’au seuil de son pèlerinage terrestre, le Christ fut prophétiquement désigné, non pas d’abord comme « l’Agneau de Dieu » par St Jean (Jn 1,36) mais comme « le signe de contradiction » par Siméon et que sa Sainte Mère, icône de l’Eglise, reçut en son coeur le glaive d’une telle annonciation et qu’elle ne s’y déroba point.
Ainsi l’Eglise, appelée à être comme son Maître, devient à son tour, sans l’avoir cherché  mais par assimilation aimante, signe de contradiction et par là seulement « lumière pour éclairer les nations » (Lc 2,32).
Dans cette lumière nous comprenons que tout disciple est lui aussi appelé à devenir « un signe en butte à la contradiction » , que c’est même là ce qui le définit, selon l’expression de Karol Wojtyla. Que Dieu nous accorde la grâce de ne pas nous dérober à cette élection crucifiante !

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